L'article suivant a paru dans le Journal
du Jura/Tribune jurassienne (Bienne), en page 20, le lundi 26 septembre
1983.
Jura bernois - Orvin - Jusqu'au 2 octobre à
la Maison Béthel - "Une exposition, une de plus, pourquoi? Parce que
l'homme a voulu voir sa vérité en face, dit Béatrice Beauverd, ne plus jouer la
comédie du bonheur sur un air d'opérette, derrière un amalgame de fard et de
couleur. Pudiquement - hypocritement plutôt - caché derrière une fine dentelle.
Le masque est tombé, le romantisme est
mort, l'art décor est mort lui aussi. Et voilà les artistes sortant leurs
tripes, jetant leur vérité en pâture à leurs contemporains. Une vérité pleine
d'absurdité, de vice, de folie ou d'un humour horrible et macabre. Ils décrivent
l'enfer. C’est le surréalisme. C'est à en devenir gaga - certains en sont
devenus Dada - Tilla looch ulula looch..., écrit Kurt Schwitters. Ce
face-à-face avec la réalité en a fait fuir plus d'un. Oui fuir, mais où?"
Oui, une exposition est à nouveau visible à
la maison Béthel. Les artistes, nous les avions découverts les années
précédentes; ils récidivent avec de nouvelles oeuvres, des poèmes nouveaux.
Mais ce qui est nouveau pour nous, ce sont les grès de Béatrice Beauverd. Elle
est céramiste, bien sûr, fille de céramiste, pleine de talent et une fois ses
nombreuses tâches accomplies, elle nous a fait le plaisir d'une exposition.
Des grès, bien sûr, et pour tous les goûts,
puisqu'ils sont soit utiles, décoratifs, artistiques on purement créatifs. Des
plats, des vases de toutes sortes, puis des pendentifs et des broches. Quelle
finesse d'exécution pour ces petits grès montés en collier, qui offrent tout
I'art de la séduction! C'est le côté "récréation" de Béatrice
Beauverd, qui préfère "tourner" ses plats superbes ou ses services à
boisson ou ses vases. Il y a également des personnages - très peu et c'est
dommage - mais ils savent parfaitement séduire eux aussi.
Une série de tableaux, huiles et pastels de
Roger Margot sont aussi à découvrir; ils accompagnent les poèmes de Jo
Kachelhoffer. Roger Margot n'a pas de "ligne" bien définie, il peint
tout aussi bien un paysage figuratif qu'une composition abstraite. Pour lui
importe la signification chrétienne du contenu. Il s'exprime beaucoup par la
couleur, qui lui offre toutes sortes de possibilités! C'est pourquoi chez cet
artiste, on trouve des compositions très fortement colorées avec des formes
parfois brusques, parfois plus douces. II y a beaucoup d'intensité par la
couleur qu'il mêle à des formes qui lui parlent. Il faut lire les poèmes de
Kachelhoffer pour comprendre la force du tableau.
Cette exposition d'artistes et d'artisans
chrétiens est à voir tous les jours de 16 h à 21 h, et cela jusqu'au 2 octobre.
I.v.B.