Lettre à Maurice Ray (Neuchâtel, 8
janvier 1986) à propos de la réalisation du Psaume 119
Mon cher Maurice,
Après avoir lu et relu ta lettre du 2
janvier et réalisant bien tout ce qui I'a motivée et le sérieux avec lequel tu
veux répondre à ma demande, j'ai dû m'accorder un temps de méditation pour te
répondre. Je comprends vraiment ce besoin de connaître, connaissance permettant
l'union de démarches différentes vers la révélation d'un même Esprit.
Il est important pour que la publication de
"l'album" prévu atteigne son but, que la présentation s'abstienne de
donner de la valeur à l'auteur mais incite le lecteur et acheteur éventuel à
être avant tout curieux du texte et de la Parole annoncée et présentée
graphiquement. Que ce soit une soif d'eau vive découlant de la Parole écoutée
et reçue par Ies oreilles et les yeux du cœur, à travers les strophes et étapes
du Psaume 119. Que ce soit pour chacun ce que le Seigneur veut lui révéler.
Pour moi II a été très généreux : réaliser la possibilité d'une intelligence
renouvelée et ses conséquences par un renouveau de foi à mettre en action.
Jésus conçu du Saint-Esprit du Dieu éternel,
vivant et vrai, enfant au milieu des enfants des hommes et homme au milieu des
hommes, a souffert dans ces situations en aspirant à connaître et à recevoir
les pensées du Père au-delà des pensées humaines si raisonnables soient-elles.
Conscient de l'amour, de la justice et de la sagesse miséricordieuse de Celui
qui est éternellement le même, conscient de la sainteté et de la bonté de la
"Loi" de Dieu, de son dessein bienveillant, Jésus a besoin de
comprendre, d'être rendu intelligent selon Dieu afin d'obéir et d'accomplir sa
vocation, chef et consommateur de la foi. Foi fondée qui lui permettra dans les
souffrances, à Gethsémané et à la croix de conserver et démontrer l'assurance
que ce qui peut paraître aux yeux des hommes, une démission, un échec ou une
erreur, constitue l'acte unique consenti avec intelligence afin d'être salut
pour le monde selon la nature du Dieu d'amour, Saint et Juste. La dernière
strophe du psaume nous amène à penser ce que fut pour Jésus le baptême dans le
Jourdain et l'onction donnée et reçue, confirmant le Christ dans I'intelligence
de sa vocation (sa voie, Ps. 119 4ème strophe). Revêtu d'autorité et dans la vérité,
le Christ Jésus se présente alors à la synagogue à Nazareth, non comme le fils
du charpentier, celui qu'on a connu gosse, mais selon la prophétie d'Esaïe :
"L'Esprit du Seigneur est sur moi..." La foi en action ne va pas sans
conséquences douloureuses, et la dernière strophe du psaume, après avoir évoqué
les étapes d'angoisse et de souffrance confirme la confiance du Christ dans la
victoire de la résurrection. Foi non pas aveugle mais intelligente dans les
promesses et la nature du Père. Que la grâce du Seigneur par la puissance de
l'Esprit-Saint et de sa Parole agisse à travers l’œuvre présentée dans
l'obéissance des uns et des autres. Amen!
Ce n'est certes pas ce préambule que tu
attends de moi, excuse-moi, j'avais besoin de formuler pour moi ce que représente
l'édition et la diffusion envisagée. J'en ai parlé par téléphone avant-hier à
Paul Schoop et nous avons fixé une rencontre le 21 janvier pour lui présenter
mon projet.
Les feuilles ci-jointes donnent un aperçu de
mes itinéraires spirituel, artistique et professionnel et pour étayer ce
qu'elles révèlent ou ne disent pas, j'ajoute : un article paru dans la revue
"ACTES" de juillet 81 intitulé : "Un artiste-peintre,
témoin?" et un article paru en juin 82 dans "La Joie", journal
de la jeunesse des églises apostoliques de Suisse Romande "J'ai 75 ans et
si je suis peintre..." dans un numéro spécial "Art et foi".
Que je te dise encore combien il m'est
encourageant de te sentir présent et disponible. Merci. Affectueusement. R.
